Le texte et son auteur
Comédie satirique
Producteur : Association Frazz’art.
Auteur : Dominique Renaudin
Éditeur : L’Harmattan
Metteur en scène : Dominique Renaudin
Pièces en 2 actes et 5 scènes
Durée : 1h40
11 comédiens sur scène
Pitch
Napoléon, le chien, est assigné en justice par Tadéus, son maître, pour avoir trahi sa nature fidèle en rejoignant son ex-épouse. Le tribunal doit en juger à la lumière des débats, des plaidoiries et des témoignages.
Composition du tribunal
Le tribunal se compose de deux juges traditionnels, auxquels s’adjoint, à la surprise générale, Dame Nature.
Trois jurés complètent le dispositif judiciaire.
Deux avocates représentent les parties au procès.
Un témoin est appelé à la barre.
L’auteur
68 ans. Écrivain, théâtreux, metteur en scène, dont la respiration passe d’abord par la pratique et la fréquentation des arts de la scène, de la peinture et de la musique. Il visionne plus de 200 pièces de théâtre par an (Environ 2 tous les 3 jours).
Auteur de nombreuses pièces de théâtre (« Affaires de Gare », « Appelez-moi Maître », « Rencontres » (Éditions l’Harmattan), « Interview exclusive », « Le fou et les Gangsters », « Prise de tête », « Le Cireur », « En Campagne », etc.).
Il invite le spectateur, sous des abords légers, anodins et jubilatoires à s’interroger sur notre société, ses travers, ses normes et ses fractures, et sur les rapports humains en liens avec cet environnement et nos us et coutumes. Aucune pièce écrite par cet auteur, aucun écrit ne fait l’économie de cette pratique.

Quelle est l’intention de l’auteur dans la pièce « Appelez-moi Maître » ?
Dominique Renaudin, réputé pour fustiger, avec brio et légèreté, les phénomènes de société, s’attache, dans cette pièce, à souligner le fait que la norme et la « bienpensance » peuvent éloigner l’Homme de lui-même et de sa nature profonde.
Au même titre qu’un chien puisse être considéré comme un objet par ses maîtres, l’humain obéissant, peut, lui aussi, basculer de sa qualité première de « sujet », « individu » autonome, vers un statut d’objet, « propriété » de tiers.
Le procès d’un chien, réputé agir contre sa nature, est l’outillage utilisé par l’auteur pour mettre en exergue le choc sociétal produit par la rencontre entre les Normalisateurs et les Humanistes.
Ce débat de société, particulièrement pertinent à l’heure actuelle, est traité avec l’allégresse et les pointes de gravité nécessaires au plaisir des spectateurs.
Les scènes sont émaillées de joutes alertes, d’espiègleries et de réparties aussi surprenantes qu’originales. Des extraits musicaux parcourent le déroulé de la pièce.
Le résultat donne à cette pièce une fantaisie et une vivacité qui n’enlèvent rien au sujet de fond.
Frazz'art présente la pièce « Appelez-moi Maître » jouée par La Cie Des Têtes à Claques
Acte 2 Scène 2
Mesdames et Messieurs, j’ai le regret de vous informer que ma hiérarchie a déclaré que le présent tribunal n’est pas apte à juger d’une affaire portant sur la nature et la fidélité d’un chien.
Monsieur Le Juge
(Offusqué).
Mais…mais, sauf votre respect, sainte dame, quelle est la raison de cette sentence ?
(Tirefond montre du doigt Tiburce de façon provocatrice).
Le genre humain, Monsieur le Juge, est de nature infidèle. Or le chien, lui, est par nature fidèle.
Vous ignorez la fidélité et la nature, vous ne pouvez donc prétendre en juger.
Mais pas du tout. Que nous racontez-vous là ?
L’être humain est foncièrement fidèle et nous avons un profond respect pour la nature.
Tenez, par exemple, moi, je suis fidèle à mes convictions et je cultive des oignons (Prononcer oignon et non ognon) sur mon balcon.
Demandez-leur à tous et vous verrez.
Soit…Présentez-moi des arguments probants.
Moi je suis fidèle à mes petits de mon équipe, et les supporters, encore plus que moi.
(Ironiquement)
C’est en effet fondamental.
Autres exemples aussi percutants ?
(Tout le monde regarde ses papiers, ses chaussures et fait mine de n’avoir pas entendu la question. Dame Nature fait le tour du tribunal et attend des réponses).
Moi, moi, Madame Nature, mes clients, ils me sont fidèles.
(Remu ménage et commentaires dans le tribunal).
Bravo, Madame Tritue, mais vous, Madame Tritue, à quoi et à qui êtes-vous fidèle ?
Je travaille toujours dans le même hôtel.
Le patron me fait parfois des gratuités.
Madame Tirefonds, et vous ?
Je suis fidèle en amitié.
Ah, on progresse. Dans la douleur, mais on progresse.
Que voulez-vous dire Madame Tirefonds ?
C’est dans la difficulté qu’on reconnaît ses vrais amis.
On fait tous des bêtises dans la vie, plus ou moins graves, et nous avons tous des bonnes raisons de commettre des mauvaises actions.
L’ami ne vous condamne jamais. Plutôt que de juger il essaiera de comprendre. Il ne vous pardonnera pas non plus car il n’y a rien à pardonner. L’ami ne pardonne pas. Il essaie de vous aider. Il n’y arrive pas toujours cependant.
Je m’efforce de suivre cette ligne de conduite.
Si Tadéus était l’ami de Napoléon, il aurait compris et apprécié sa décision et il en serait heureux.